Monument du père Marquette à Laon : la mémoire d'un héros américain en terre française
par Thierry, Éric
Né à Laon, dans le nord de la France, en 1637, le père jésuite Jacques Marquette a découvert le fleuve Mississippi en 1673, en compagnie de Louis Jolliet, explorateur, commerçant et seigneur né à Québec. Le père Marquette est mort près de l’actuelle ville de Ludington au Michigan en 1675. Héroïsé aux États-Unis à partir de 1877, après la découverte de ses ossements, il est resté largement méconnu en France. L’histoire du monument que lui a consacré sa ville natale en 1937 illustre les aléas de la mémoire locale de ce héros américain. Jésuite longtemps renié par les anticléricaux français, le père Marquette n’a finalement pu être honoré dans son pays que lorsqu'on a mis en avant sa figure d’explorateur-cartographe de l’Amérique du Nord.
Le refus d’honorer un jésuite
Le souhait de voir Laon honorer le père Marquette est formulé pour la première fois en septembre 1900, lors du XIIe Congrès des Américanistes réunis à Paris au Collège de France. Quoique spécialiste des écrits des missionnaires jésuites en Chine, Henri Cordier a choisi d’y évoquer l’illustre Laonnois. Dès le début de sa communication, il déplore l’ingratitude de la cité picarde et l’oppose aux témoignages de reconnaissance déjà offerts au père Marquette outre-Atlantique : en 1896, l’État du Wisconsin a remis au Musée du Capitole à Washington une statue en marbre blanc due à l’artiste italien Gaetano Trentanove et, l’année suivante, une copie en bronze a été inaugurée dans un parc public de la ville de Marquette (Michigan)(NOTE 1).
Le vœu d'Henri Cordier est repris par ses collègues du XIIe Congrès des Américanistes, lors de leur séance de clôture du 22 septembre 1900, et des courriers sont envoyés à Laon. Les réponses ne tardent pas, mais elles sont négatives(NOTE 2). Alors que l’affaire Dreyfus déchaîne encore les passions et que l’anticléricalisme domine déjà la discussion du projet de loi de Waldeck-Roussseau sur les associations, il n’est pas question d’honorer à Laon un membre de la Compagnie de Jésus.
En 1903, le jésuite français Alfred Hamy fait paraître à Paris une biographie du père Marquette où il dit espérer voir bientôt Laon rendre hommage au « grand explorateur du Mississipi »(NOTE 3). Il faut attendre les inaugurations, en 1909 à Mackinac Island (Michigan), d’un monument identique à celui de la ville de Marquette et, l’année suivante à Prairie-du-Chien (Wisconsin), d’une colonne surmontée d’une représentation originale du jésuite, pour éveiller l’intérêt de certains Laonnois. Lors de sa séance du 28 octobre 1910, la Société académique de Laon émet le vœu de voir bientôt se dresser une statue du père Marquette dans sa ville natale(NOTE 4).
Une première statue à Nancy
Celui qui est à l’origine de cette résolution est Charles Westercamp. Ancien avocat, il s’adonne au journalisme, à l’écriture de romans et à la recherche historique. Domicilié à la fois à Laon et à Paris, il fréquente, dans la capitale, d’autres Picards originaires du département de l’Aisne, en particulier Gabriel Hanoteaux, qui est à la fois diplomate, historien et membre de l’Académie française. Celui-ci vient de créer, le 1er janvier 1909, le comité France-Amérique, dont l’objectif est « de faire connaître de plus en plus l’Amérique à la France et la France à l’Amérique »(NOTE 5). Il encourage les érudits laonnois à sortir le père Marquette de l’oubli.
L’appui de Gabriel Hanoteaux ne suffit pas car le déclenchement de la Première Guerre mondiale ne tarde pas à empêcher la Société académique de concrétiser son vœu. Et finalement, ce n’est pas dans la cité natale du père Marquette qu’est érigée sa première statue, mais à Nancy, là où il a fait son noviciat. En 1930, la Compagnie de Jésus donne son nom au nouveau pavillon de son Groupe des étudiants catholiques (GEC) et le fait représenter sur la façade du bâtiment. La sculpture en pierre, attribuée à Victor Huel, montre un père Marquette tenant une carte et dressant ostensiblement un crucifix. Elle a été inspirée par le père Lejosne, aumônier du GEC de Nancy, qui veut faire de ses étudiants des hommes de foi en action.
Cette représentation est bien éloignée de celle de Trentanove, présente à Washington, Marquette et Mackinac Island, qui montre un père Marquette hiératique avec la chevelure, la barbe et les traits du père Charlevoix, l’explorateur et historien jésuite du XVIIIe siècle. La statue de Nancy est plus proche de celle de Prairie-du-Chien, érigée en 1910, et surtout du monument Marquette-et-Jolliet de Chicago, inauguré en 1926. Dans ces deux représentations, le jésuite brandit un crucifix, et dans la deuxième, il n’est pas chevelu et barbu, mais chauve et imberbe, conformément au portrait de lui, daté de 1669, qui a été retrouvé à Montréal vers 1900.
Tant aux États-Unis qu’en France, les catholiques de l’entre-deux-guerres veulent avoir pour modèles des hommes ordinaires capables de faire des exploits grâce à leur foi. La statue de Nancy est donc fort appréciée et une copie ne tarde pas à être réalisée en stuc ou en plâtre pour être placée dans la salle de lecture de la bibliothèque municipale de Pont-à-Mousson, tout près de l’ancienne université jésuite où le père Marquette a été étudiant, puis enseignant. Elle y restera jusqu’à sa destruction en 1944, lors de l’incendie par les Allemands des bâtiments mussipontains situés sur la rive droite de la Moselle(NOTE 6).
Une reconnaissance tardive dans sa région natale
Le Laonnois Charles Westercamp, qui est devenu le directeur du journal Les Tablettes de l’Aisne, ne tarde pas à avoir entre les mains le petit ouvrage édité par le GEC de Nancy à l’occasion de l’inauguration du pavillon et de la statue du père Marquette. Il ne supporte pas de voir celui-ci mieux honoré en Lorraine que dans sa région natale et s’empresse de reformuler le vœu de voir bientôt ériger une statue du jésuite à Laon. L’occasion lui est fournie, le 8 mars 1931, par une conférence sur le père Marquette qu’il prononce en Sorbonne dans le cadre d’une réunion de la Société académique des Picards de l’Aisne à Paris, en présence de Philippe Roy, ministre du Canada dans la capitale française.
Ce nouveau vœu reçoit un accueil favorable, mais il faut tout de même attendre mars 1936 pour voir se constituer un comité pour l’érection à Laon d’une statue du père Marquette(NOTE 7). Le succès des démarches du comité, à gauche comme à droite de l’échiquier politique, est dû à un contexte très favorable. L’année 1937 marque le troisième centenaire de la naissance du père Marquette et la presse annonce déjà beaucoup de festivités aux États-Unis autour du 1er juin, futur « Marquette Day ». Sont prévus, entre autres manifestations, une lecture des récits du jésuite laonnois dans près de deux cents écoles réparties sur tout le territoire américain, ainsi que des pèlerinages près de Ludington, sur le lieu du décès du missionnaire. De plus, on célébrera cette année-là le 250e anniversaire de la mort de Cavelier de la Salle, l’autre célèbre explorateur du Mississippi, et une mission organisée par le comité France-Amérique s’apprête à aller visiter, au nom de la France, les rives du grand fleuve.
Des journaux de l’Illinois, du Michigan et du Wisconsin révèlent le projet laonnois et le comité ne tarde pas à recevoir d’outre-Atlantique de nombreux témoignages de soutien. Les écoliers de Marquette s’engagent à envoyer à Laon des cents qui serviront à couler le bronze du monument. Une autre habitante de cette ville, Madame Noël, expédie une pépite de cuivre du lac Supérieur, dont les gisements ont été découverts par le père Marquette. La population de Ludington fait acheminer un coffret de sable provenant de l’endroit où est mort le jésuite. De l’eau du Mississippi, prise à l’endroit où le père Marquette a découvert le grand fleuve, est envoyée par les professeurs et les enseignants de l’Université Marquette de Milwaukee. Quant à la ville de Chicago, elle fait don à Laon d’une tablette de granit extraite de la carrière Marquette dans l’État du Wisconsin, sur laquelle sont gravées les armes de la France et l’étoile indienne du Matin. Malheureusement, la souscription lancée dans le département de l’Aisne et le reste de la France n’est pas suffisante et le comité doit renoncer à faire réaliser une statue en ronde-bosse. Il se contente d’un bas-relief et charge le sculpteur local Jean Topin de sa réalisation.
L’exaltation de l’explorateur-cartographe de l’Amérique du Nord
Jean Topin ne s’inspire pas directement des plaques de bronze déjà existantes, comme celles de la façade du Marquette Building de Chicago inauguré en 1894, du piédestal de la statue de la ville de Marquette datant de 1897 ou du monument qui se trouve dans la Damen Avenue de Chicago depuis 1930. Son œuvre ne représente pas le jésuite dans un canot aux côtés de Jolliet ou prêchant devant des Illinois. On y trouve bien une embarcation amérindienne en arrière-plan, mais seuls sont à son bord deux Indiens de western avec leur pagne et leurs plumes retenues par un bandeau. L’un pagaye, tandis que l’autre scrute l’horizon, la main au-dessus des yeux pour éviter le soleil. Le père Marquette figure au premier plan en grandeur nature. Chauve et imberbe comme sur le portrait retrouvé à Montréal, il est de profil et regarde dans la même direction que le guide amérindien. Il tient une carte dans la main gauche et dans l’autre un crayon.
L’artiste n’a pas représenté le missionnaire, mais l’explorateur-cartographe. Le crucifix n’est pas brandi : il est à la ceinture du père Marquette, comme sur les statues de Trentanove qui sont à Washington, Marquette et Mackinac Island. Pour ne pas envenimer la polémique suscitée par l’entrée d’une représentation de jésuite dans le Musée du Capitole, l’artiste italien a dû veiller à ce détail. Il en est de même pour Topin qui doit honorer un membre de la Compagnie de Jésus dans une ville où l’anticléricalisme existe encore. Cependant, alors que Trentanove a pu représenter un chapelet également à la ceinture du père Marquette, cet élément est absent du monument de Laon. Sur celui-ci, les signes religieux sont réduits au strict minimum.
Le bas-relief est placé en haut de cinq marches, entre deux piliers similaires. En guise de socle a été placée une autre plaque de bronze portant l’inscription suivante, qui se termine par une parole prononcée par un vieil habitant d’un village peoria du bord du Mississippi à l’arrivée du père Marquette en 1673(NOTE 8):
A
JACQUES MARQUETTE
GRAND MISSIONNAIRE PIONNIER DE LA CIVILISATION
NE A LAON LE 1 JUIN 1637 MORT AU CANADA LE 18 MAI 1675
SES COMPATRIOTES – SES ADMIRATEURS
« QUE LE SOLEIL EST BEAU, FRANÇAIS,
QUAND TU NOUS VIENS VISITER »
HIAWATHA
L’emplacement choisi est un square situé à proximité de la porte de Soissons, à l’entrée de la haute ville de Laon.
L’inauguration a lieu le 13 juin 1937. L’eau provenant du Mississippi est répandue sur le monument, tandis que la pépite et le sable venus eux aussi des États-Unis sont placés derrière la principale plaque de bronze(NOTE 9). Puis, l’intérêt pour le père Marquette persiste. Le monument de Laon survit même à l’occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale. Libérés par les troupes américaines, les Laonnois acceptent volontiers l’installation d’une base de l’US Air Force dans les environs de leur ville, à Couvron, en 1951. La même année, une copie en bronze de l’œuvre de Jean Topin est expédiée à Utica, dans l’Illinois, pour un monument sur lequel figurent aussi les armes de la ville de Laon. Enfin, en 1956, le nom du père Marquette est donné à une cité résidentielle laonnoise destinée à héberger deux cents familles d’aviateurs américains de Couvron.
En 1967, la France du général de Gaulle n’acceptant plus sur son sol la présence de troupes américaines, la base de l’OTAN cesse d’exister et les liens entre Laon et les États-Unis commencent à s’effilocher. Le souvenir du père Marquette est ravivé, dans sa ville natale, en 1973 et 1985 par des expositions à la bibliothèque municipale, et en 1992 par la publication d’un ouvrage écrit par le Laonnois Yves-Marie Lucot(NOTE 10), mais le monument de 1937 est laissé à l’abandon. Ce n’est qu’en 2004 que la municipalité décide de l’éloigner des élèves des établissements scolaires voisins, qui le couvrent de graffitis, et de le transférer dans un nouveau square situé près de l’hôtel de ville. Malheureusement, seules les deux grandes plaques de bronze sont conservées et, plutôt que de reconstruire les piliers qui les encadraient, on préfère les placer contre une habitation qui borde un des petits côtés du square, les rendant peu visibles à partir de la rue.
La création récente d’une association Jolliet-Marquette
À l’origine de ce regain d’intérêt pour le monument se trouve une association créée en 2001 par la Laonnoise Françoise Macadré, avec le soutien de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs. Appelée Association Marquette-Jolliet, parce qu’au Québec Louis Jolliet est aujourd’hui plus connu et célébré que le père Marquette, elle veut « faire sortir de l’oubli l’épopée extraordinaire au cours de laquelle les Français se sont établis en Amérique du Nord »(NOTE 11). Pour cela, elle a eu l’ambition de créer à Laon une maison de l’Amérique française, dans un hôtel particulier ayant appartenu à la famille du père Marquette, mais la vente de l’immeuble à un promoteur immobilier par la ville de Laon propriétaire, en mai 2007, a fait échouer le projet.
La détermination d’une ou de plusieurs personnes n’a jamais suffi pour vaincre le peu d’intérêt suscité par le découvreur du Mississippi dans sa cité natale. Pendant longtemps nourrie d’anticléricalisme, cette attitude est aujourd’hui entretenue par l’indifférence religieuse et surtout par l’anti-américanisme, devenu fort en France sur fond de mondialisation et d’intervention des États-Unis en Irak. Même associé au laïc québécois Jolliet, le père Marquette est un héros américain qui ne fait pas recette à Laon.
Eric Thierry
Historien, Ph. D.
Professeur au Lycée Paul Claudel de Laon
Secrétaire général de la Fédération des Sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne.
NOTES
1. Henri Cordier, Sur le père Marquette : extrait du compte rendu du Congrès international des Américanistes, tenu à Paris, en septembre 1900, Paris, Ernest Leroux, 1902, p. 1-2, 4.
2. « La correspondance comprend […] deux lettres émanant l’une de M. Ermant, député, maire de Laon, l’autre de la Société académique de cette ville, relatives au vœu émis par le Congrès des Américanistes qu’un monument soit élevé au père Marquette à Laon, sa ville natale. Il ressort de cette correspondance qu’aucune suite ne sera donnée à ce vœu » (Procès-verbal de la séance du 15 janvier 1901, Journal de la Société des Américanistes de Paris, t. IV, 1903, p. 149).
3. Alfred Hamy, Au Mississipi : la première exploration (1673). Le père Jacques Marquette, de Laon, prêtre de la Compagnie de Jésus (1637-1675), et Louis Jolliet, d’après M. Ernest Gagnon, Paris, Honoré Champion, 1903, p. 197.
4. Le projet présenté par Charles Westercamp reçoit « en principe » l’assentiment de la Société académique de Laon (Procès-verbal de la séance du 28 octobre 1910, Bulletin de la Société académique de Laon, t. XXXIV, 1912, p. ix).
5. Cité dans Armand Yon, « Missions de la France au Canada de 1908 à 1939 », Cahiers de politique étrangère du Journal des nations américaines [en ligne], nos 11-12, 1951, p. 83-95, http://www4.bnquebec.ca/rfq/articles/article8.htm.
6. Je remercie le personnel du Musée municipal de Pont-à-Mousson pour son aide.
7. Le président et le secrétaire de ce comité, Henri Rillart de Verneuil et Charles Westercamp, appartiennent à la droite catholique. Ils obtiennent néanmoins l’appui du maire socialiste de Laon, Marcel Levindrey, et de plusieurs hautes personnalités locales, comme l’évêque Ernest-Victor Mennechet, voire nationales, comme le natif de l’Aisne Gabriel Hanoteaux et son confrère de l’Académie française, Georges Goyau, l’auteur des Origines religieuses du Canada, ou même le prince Louis II de Monaco, propriétaire du château de Marchais situé près de Laon.
8. Reuben G. Thwaites (édit.), The Jesuit Relations and Allied Documents : Travels and Explorations of the Jesuit Missionaries in New France, 1610-1791, New York, Pageant Book, 1959, vol. 59, p. 116. Réimpr. en fac-sim. de l'éd. de Cleveland, Burrows, 1900.
9. Lors de l’inauguration, Henri Rillart de Verneuil, président du comité, Marcel Levindrey, maire de Laon, Homer Kidder, délégué du maire de Marquette, Gabriel Hanoteaux, membre de l’Académie française, Robert Murphy, premier secrétaire de l’ambassade des États-Unis, et François de Tessan, sous-secrétaire d’État à la présidence du conseil, prennent successivement la parole. Ils insistent sur le zèle, le courage et la dévotion du missionnaire, évoquent son rayonnement auprès des Amérindiens et sa contribution à la civilisation. Ils se réjouissent de le voir réhabilité dans sa ville natale et profitent de la cérémonie pour célébrer l’amitié franco-américaine.
10. Yves-Marie Lucot, Le père Marquette à la découverte du Mississippi, Cadeilhan (France), Zulma, 1992, 154 p.
11. Association Marquette-Jolliet, « L’Association Marquette-Jolliet : présentation de l’association », Association Marquette-Jolliet [en ligne], http://www.amerique-francaise.com/accueil.htm, consulté le 14 juin 2007.
BIBLIOGRAPHIE
Lejosne, G. M. (dir.), Un grand missionnaire : le père Marquette, jésuite, découvreur du Mississipi, 1637-1674, Nancy, GEC, 1930, 71 p.
Le père Marquette à Pont-à-Mousson, Pont-à-Mousson (France), Syndicat d’initiative de Pont-à-Mousson, 1945, 8 p.
Troyansky, David G., « Monumental Politics : National History and Local Memory in French Monuments aux Morts in the Department of the Aisne since 1870 », French Historical Studies, vol. 15, no 1, printemps 1987, p. 121-141.
Westercamp, Charles, « La statue du père Marquette », Bulletin de la Société académique de Laon, t. XXXVII, 1935, p. 27-31.
Westercamp, Charles (dir.), Jacques Marquette et l’inauguration de son monument à Laon le 13 juin 1937, Laon, Société académique de Laon, 1937, 59 p.
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