Maison Gabrielle-Roy
par Larouche, Monique
Le 23 novembre 2001, la maison natale de Gabrielle Roy à Saint-Boniface, dans laquelle elle a vécu de 1909 à 1937, a été désignée « Maison historique » par l'Assemblée législative du Manitoba. Gabrielle Roy, la plus célèbre écrivaine du Manitoba français, dont l’œuvre a été traduite et publiée en plus de quatorze langues, fait partie de l'élite des écrivains francophones du monde entier. En 1947, elle a été la première auteure canadienne à recevoir le prix Femina, décerné en France, pour son roman Bonheur d'occasion. L'ouverture publique de sa maison natale restaurée a eu lieu le 19 juin 2003, après de longues et patientes démarches pour la préserver et la mettre en valeur. Cette maison est depuis un musée qui abrite un centre d'exposition et d'interprétation sur la vie de Gabrielle Roy et de sa famille.
Article available in English : Gabrielle Roy House
La maison restaurée d’aujourd’hui
Cette maison de deux étages et de douze pièces située au 375 de la rue Deschambault à Saint-Boniface est inspirée de l'architecture québécoise du XIXe siècle. Ses colonnades blanches en façades, ses nombreuses fenêtres et la large galerie du côté ouest lui donnent fière allure. Léon Roy, le père de Gabrielle, avait planté tout autour de la maison plusieurs essences d’arbres : ormes, frênes, chênes et érables, pommiers, cerisiers, pruniers, ainsi qu’un groseillier et des rosiers. Au premier étage, où l’on a replacé un mobilier d’époque, se trouvent le salon, la salle à manger, le bureau de Léon Roy et les cuisines d'hiver et d’été, cette dernière abritant aujourd’hui la Boutique « Bonheur d'occasion ». Au deuxième étage se trouvaient les chambres; deux pièces ont été consacrées à des expositions et servent aux activités d’interprétation sur la vie de Gabrielle Roy. Un espace destiné à des expositions temporaires a aussi été aménagé au grenier, à côté d’espaces réservés à l’œuvre de Gabrielle Roy, où les visiteurs peuvent lire et écouter des extraits de romans et de pièces de théâtre écrits par Gabrielle Roy. Le sous-sol de la maison a été transformé en salle de réunion.
Léon Roy, qui était agent d'immigration, a fait construire cette maison en 1905, en s’inspirant largement, ou, selon son épouse Mélina Landry, en copiant l’architecture de la maison voisine de Charles Bernier. Les Roy ont eu onze enfants dont trois sont morts en bas âge. La vie culturelle occupait une place importante dans la famille Roy et le piano faisait régulièrement vibrer la maison. En 1960, lors d'une entrevue avec Judith Jasmin, Gabrielle soulignait la qualité de vie de son environnement familial : « J'avais des parents exceptionnels par leurs qualités d’esprit, la qualité de leurs rêves, de leur désir de perfectionnement et d'amélioration pour nous(NOTE 1). » De plus, grâce à ses dons de conteuse, Mélina a créé un univers propice au développement de l'imagination de Gabrielle, qui spécifie dans La route d'Altamont : « Ce vieux thème de l'arrivée des grands-parents dans l'Ouest, ç'avait donc été pour ma mère une sorte de canevas où elle avait travaillé toute sa vie comme on travaille une tapisserie, nouant des fils, illustrant tel destin. En sorte que l'histoire varia, grandit et se compliqua à mesure que la conteuse prenait de l'âge(NOTE 2). » Gabrielle Roy a fait de la rue Deschambault le sujet de deux de ses livres, Rue Deschambault (1958) et Ma petite rue qui n'a menée autour du monde (2002).
Gabrielle Roy y vit de 1909 à 1937
Gabrielle Roy est née dans cette maison en 1909 et elle y a vécu jusqu'en 1937. Après avoir enseigné huit ans au Manitoba, elle a entrepris à l'âge de vingt-huit ans un voyage en France et en Angleterre, entre 1937 et 1939, où elle a découvert sa vocation. À son retour de voyage, elle s’installe à Montréal, puis à Québec, et ne reviendra jamais vivre au Manitoba. Certaines personnes de son entourage l’ont accusée d’avoir abandonné sa communauté, en particulier sa mère, mais Gabrielle s’en défend dans La détresse et l'enchantement : « Personne autour de moi ne me soutenait. Notre petite ville française et catholique ne nous élevait pas au prix de tant de sacrifices, d'abnégation et de rigueur pour nous laisser partir sans y mettre d'obstacles [...]. Tout départ, étant donné notre petit nombre, était ressenti comme une désertion, un abandon de la cause [...]. Toutefois cette volonté de partir ne me semblait pas venir de moi seule. Souvent elle me paraissait émaner de générations en arrière de moi ayant usé dans d'obscures existences injustes l'élan de leur âme et qui à travers ma vie poussaient enfin à l'accomplissement de leur libération(NOTE 3). » Dans La route d'Altamont, Gabrielle met en scène un dialogue entre une mère et sa fille qui lui fait part de son désir de partir en Europe : « - D'abord, si tu veux écrire, tu n'as pas besoin pour cela de courir au bout du monde [...]. Un écrivain n'a besoin que d'une chambre tranquille, de papier et de soi-même. » La fille répond : « - Soi-même, tu le dis bien!(NOTE 4) ». Certaines difficultés entourant la patrimonialisation de la maison sont probablement liées à ce sentiment d’abandon qui a été ressenti par la communauté francophone de Saint-Boniface, de même que par la famille de Gabrielle Roy.
Gabrielle Roy choisit d’écrire en français
Gabrielle ressentait un fort sentiment d'aliénation face à la culture anglaise dominante au Manitoba : « J'en viens au plus émouvant de ce qu'était notre petite rue Deschambault, au sein de presque tout le continent parlant anglais, une petite rue française(NOTE 5). » Gabrielle est née dans une famille où l'on parlait le français à la maison : ses parents venaient du Québec, Léon de Saint-Isidore-de-Dorchester et Mélina de la région de Jolliette.
Saint-Boniface est une petite ville francophone du Manitoba, proche de Winnipeg qui était à cette époque la grande ville de l’Ouest avec son quartier d'affaires et son immigration importante. Aujourd’hui, le Manitoba comprend plus de 100 groupes ethniques différents et les francophones ne forment plus que 7 % de la population. Durant l’enfance de Gabrielle, Saint-Boniface était une petite ville entourée de champs et séparée de Winnipeg par la rivière Rouge, ainsi que par la langue et la culture. Peuplée de Métis, d’immigrants venus du Québec et de France, Saint-Boniface était le siège de l’évêché et l'Église catholique a beaucoup contribué à préserver la culture et la langue françaises. Lors d'une entrevue avec Pauline Beaudry réalisée en 1968, Gabrielle mentionne : « Saint-Boniface où je suis née était, à l'époque de ma jeunesse, le centre de rayonnement du français dans l'Ouest. Une ville française importante [...] L'immigration lui apportait un afflux de sang français neuf provenant du Québec et de la France. On a souvent parlé de moi comme issue de la campagne, mais c'est faux puisque Saint-Boniface est une ville située tout contre Winnipeg, la troisième ville du Canada. J'habitais cependant une petite rue où la ville venait mourir aux portes de la campagne(NOTE 6). »
Gabrielle a étudié en anglais, car il était alors interdit d'enseigner le français dans les écoles du Manitoba, selon la loi inique de 1916. Auparavant, la constitution garantissait le droit à l’éducation aux francophones. Gabrielle a choisi d'écrire en français lorsqu'elle était en Angleterre. Elle aurait pu choisir l’anglais, car elle avait reçu toutes les médailles d'honneur dans les deux langues au secondaire. Elle est devenue excellente en français, autant qu’en anglais, pour se venger de l'humiliation faite aux Canadiens français qui étaient selon elle traités en inférieur : « Quand donc ai-je pris conscience pour la première fois que j'étais, dans mon pays, d'une espèce destinée à être traitée en inférieure?(NOTE 7) » Le milieu dans lequel elle évoluait était anglophone et le français n'y était pas valorisé. C’est donc un exploit, d’une certaine manière, si Gabrielle Roy est devenue la première auteure canadienne à recevoir le prix Femina pour son roman Bonheur d'occasion, publié en 1945. Ce livre, traduit en anglais sous le titre The Tin Flute, s’est vendu à 700 000 exemplaires dans la seule année 1947.
Le projet de sauver la précieuse maison menacée
Gabrielle Roy est aujourd’hui l'âme de la maison qu’elle a habitée puisqu’on l'a transformée en centre d’interprétation de son œuvre et de sa vie. Avant de devenir un objet de fierté pour la communauté, cette maison a été longtemps une source de bonheur, puis de soucis, pour la famille Roy. Dans La détresse et l'enchantement, Gabrielle Roy explique : « Mon père avait mis presque la moitié de sa vie à économiser sou après sou, de quoi la bâtir, puis le reste de ses jours à essayer de ne pas la perdre. Parfois, j'en voulais terriblement à cette maison comme à un être cher qu'on aime et qui peut tout obtenir de nous(NOTE 8). » En 1915, la maison a dû être hypothéquée car M. Roy a perdu son poste d'agent d'immigration au gouvernement pour des raisons politiques, à peine deux ans avant sa retraite, ce qui l’a privé de sa pension du gouvernement. Après sa mort, Mélina Landry a bien essayé de garder la maison familiale en réalisant des travaux de couture et en louant des chambres. Malheureusement, elle a dû se résigner à la vendre, devenant simple locataire dans sa propre maison. Gabrielle a écrit dans La détresse et l'enchantement : « D'ailleurs il eût été impossible de garder notre maison. J'étais la seule dans la famille, à part Adèle, durant ces années de dépression économique, à toucher un salaire permanent et même Adèle, je crois me rappeler, fut quelquefois sans école au cours de ces années terribles(NOTE 9). »
Le rôle clé d’Annette Saint-Pierre
Il faudra beaucoup de persévérance de la part d’Annette Saint-Pierre pour sauvegarder la maison des Roy, la restaurer et en faire un lieu patrimonial consacré à Gabrielle Roy. Annette Saint-Pierre a fait une maîtrise sur Gabrielle Roy, elle a enseigné son œuvre littéraire au secondaire, puis au Collège universitaire de Saint-Boniface. Il faut également souligner que Gabrielle Roy et Annette Saint-Pierre se sont rencontrées à quelques reprises et que Gabrielle lui avait alors demandé d'arrêter les démarches concernant l'achat de la maison en vue de la faire restaurer. Annette Saint-Pierre en fut très surprise, car elle n'avait pas encore entrepris de démarche. Elle parlait seulement de ce projet, déplorant le fait que la maison soit si défigurée. À cette époque, elle incitait ses étudiants et étudiantes à aller la voir de l'extérieur, car plusieurs personnes habitaient la maison divisée en trois ou quatre logements. Mme Saint-Pierre n’a donc entrepris aucune démarche jusqu'à la mort de Gabrielle.
La première reconnaissance de la valeur patrimoniale de cette maison est survenue le 27 mai 1989, lorsqu’une plaque commémorative a été placée devant la maison de Gabrielle Roy par la Société historique de Saint-Boniface. Annette Saint-Pierre indique que c’est après trois tentatives infructueuses que cette reconnaissance a été accordée, car les autorités gouvernementales et municipales ne voyaient pas l'importance de la maison. À partir de 1994, des gens d'affaires ont commencé à développer l'aspect touristique de Saint-Boniface et David Dandeneau, alors président de la Chambre de commerce francophone, a proposé plusieurs projets. On a consulté Mme Saint-Pierre, qui a priorisé le projet de rénovation de la maison Gabrielle Roy et sa transformation en musée. À partir de ce moment, Annette Saint-Pierre s’est investie corps et âme dans ce projet, afin d’honorer la mémoire de Gabrielle Roy, de faire connaître son œuvre à la collectivité et d’enrichir le patrimoine de la ville.
L’effort collectif
Un comité ad hoc a été créé sous la présidence de l'architecte Etienne Gaboury avec David Dandeneau, Richard Benoit, professeur au Collège universitaire de Saint-Boniface, Roger Lafrenière, artiste-peintre, et, bien sûr, Annette Saint-Pierre, qui était alors codirectrice des Éditions des Plaines. Le 8 juin 1994, ce comité est devenu une corporation à but non lucratif que Mme Saint-Pierre a vite rebaptisé Le groupe des sept. Le 15 février 1998, la Corporation de la Maison Gabrielle-Roy devient enfin le sixième propriétaire de la maison. Grâce aux plans de la maison voisine de Charles Bernier, demeurée intacte, on a pu restaurer la maison natale de Gabrielle Roy telle qu’elle était lorsque Gabrielle y a vécu ses jeunes années.
Entre 1997 à 2003, la Corporation mène des luttes constantes pour recueillir des dons, acheter et restaurer la maison. Annette Saint-Pierre ira même jusqu’à vendre sa maison d'édition pour se consacrer entièrement à ce projet, dont le coût total s’est élevé à plus de 650 000 $. Les fondations ont dû être refaites, comme Annette Saint-Pierre le souligne dans son ouvrage Au pays de Gabrielle Roy, où la fiction rencontre la réalité : « La maison a été surélevée sur des poutres pendant les travaux. Partout dans la maison, à l'exception du bureau, les planchers sont d'origine, en pin de la Colombie-Britannique [...]. Les murs sont peints de couleurs d'origine. Il a fallu enlever quinze couches de peinture pour y arriver […]. Le plan de la maison a dû être revu de fond en comble... toutes les touches architecturales de la maison ont été restaurées pour refléter la maison telle qu'elle était en 1905(NOTE 10). »
De nombreuses contributions financières ont donc été nécessaires pour mener à bien ce projet, notamment celles de Patrimoine canadien, du gouvernement du Manitoba, de la Ville de Winnipeg et de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Des sollicitations auprès de personnalités de tout le Canada, des soupers-bénéfice et des dons personnels ont finalement permis de réunir les fonds nécessaires. De plus, la maison Gabrielle-Roy a reçu en 2006 de nouvelles subventions de Patrimoine canadien et du Bureau de l'éducation française du Manitoba, pour faire la promotion de la maison Gabrielle-Roy auprès des écoles françaises et d'immersion française au Manitoba. Annette Saint-Pierre indique que sans la générosité et l'encouragement des Amis et Amies de la maison Gabrielle-Roy, le projet n'aurait jamais pu se concrétiser. Le 23 novembre 2001, l'Assemblée législative du Manitoba a enfin reconnu la valeur historique de la maison natale de Gabrielle Roy et un comité muséal a été formé sous la présidence de Doris Lemoine. Sans l'intervention et la ténacité d’Annette Saint-Pierre, cette maison ne ferait sans doute pas partie aujourd’hui du patrimoine culturel du Manitoba. Pour tous ces efforts, pour son implication dans la maison d’édition des Plaines et pour la publication de ses 11 livres et de plusieurs articles, Annette Saint-Pierre a reçu récemment plusieurs prix, dont le prix Louis-Riel en 2007; elle a été nommée membre de l'Ordre du Canada en 2004; on lui a en outre remis une médaille de la Reine et les Palmes académiques en 2002.
La maison Gabrielle-Roy est devenue un objet de grande fierté tant pour la communauté francophone qu’anglophone de Saint-Boniface. Malgré sa réticence à faire de sa maison natale un musée, Gabrielle Roy aurait été bien surprise d’apprendre que des gens de partout viennent visiter cette maison de la rue Deschambault. Sauvegarder et mettre en valeur la maison de cette grande auteure franco-manitobaine s’est avéré une entreprise ardue, mais couronnée de succès.
Monique Larouche
Ph. D., Département de français, espagnol et italien
Université du Manitoba
NOTES
1. Nadine Bismuth, Amélie Desruisseaux-Talbot et François Ricard, Rencontres et entretiens avec Gabrielle Roy, 1947-1979, Montréal, Boréal, 2006, p. 115.
2. Gabrielle Roy, La route d'Altamont, nouv. éd., Montréal, Boréal, 1993 [1966], p. 133.
3. Gabrielle Roy, La détresse et l'enchantement, Montréal, Boréal, 1984, p. 211, 183.
4. Gabrielle Roy, La route d'Altamont, p. 147-148.
5. Gabrielle Roy et Réal Bérard, Ma petite rue qui m'a menée autour du monde, Saint-Boniface, Éditions du Blé, 2002, p. 21.
6. Nadine Bismuth et al., op. cit., p. 175.
7. Gabrielle Roy, La détresse et l'enchantement, p. 11.
8. Ibid., p. 16.
9. Ibid., p. 184.
10. Annette Saint-Pierre, Au pays de Gabrielle Roy, Saint-Boniface, Éditions des Plaines, 2005, 222 p.
BIBLIOGRAPHIE
Bismuth, Nadine, Amélie Desruisseaux-Talbot et François Ricard, Rencontres et entretiens avec Gabrielle Roy, 1947-1979, Montréal, Boréal, 2006, 268 p.
Roy, Gabrielle, Bonheur d'occasion, Montréal, Société des Éditions Pascal, 1945, 346 p.
Roy, Gabrielle, Rue Deschambault, Montréal, Beauchemin, 1955, 87 p.
Roy, Gabrielle, La détresse et l'enchantement, Montréal, Boréal, 1984, 506 p.
Roy, Gabrielle, La route d'Altamont, nouv. éd., Montréal, Boréal, 1993 [1966], 163 p.
Roy, Gabrielle, et Réal Bérard, Ma petite rue qui m'a menée autour du monde, Saint-Boniface, Éditions du Blé, 2002, 74 p.
Saint-Pierre, Annette, Sous le signe du rêve, Saint-Boniface, Éditions du Blé, 1975, 118 p.
Saint-Pierre, Annette, Au pays de Gabrielle Roy, Saint-Boniface, Éditions des Plaines, 2005, 222 p.
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- Dépliant de la maison Gabrielle-Roy Taille: 979 Kb
- Extrait de La Petite Poule d'Eau de Gabrielle Roy Taille: 45 Kb
- Ouverture de la Maison Gabrielle Roy à Saint-Boniface Jean-François Brulotte, « Le Paradis de Gabrielle Roy », La Liberté, 26 juin au 2 juillet 2003, p.2