Cirques québécois : une tradition renouvelée
par Rey, Matthieu
Le cirque connaît aujourd’hui un développement spectaculaire au Québec. Bien que présent dès la fin du XVIIIe siècle, il connut son premier véritable élan en terre québécoise en 1984, avec la création du Cirque du Soleil. En se distinguant nettement de l’image traditionnelle du cirque, il a réussi à insuffler quelque chose de nouveau dans cet art, par sa théâtralité et sa grande diversité artistique. De nombreuses troupes ont vu le jour depuis, apportant à chaque fois une nouvelle couleur au genre. Séduisant des centaines de milliers de spectateurs dans le monde, les cirques en provenance du Québec ont désormais une place de choix dans l’univers artistique contemporain. S'inscrivant dans une tradition des arts de la scène et contribuant à la fierté de tout un peuple, ils sont devenus un patrimoine culturel québécois mondialement reconnu.
Article available in English : COMING SOON
Les cirques : porte-étendard artistique du Québec…
Le cirque occupe une place importante dans l’identité artistique et culturelle du Québec. Les troupes qui le composent actuellement ont su se forger une identité propre, distincte de l’idée que l’on se faisait habituellement du cirque, avec ses numéros de bêtes dressées et ses dompteurs de fauves. Le courant du « nouveau cirque » auquel elles appartiennent repose sur une théâtralisation affirmée, un mélange de différentes disciplines artistiques et une trame de base scénarisée. Par le succès qu’elles connaissent à travers le monde, ces troupes participent à la fierté de l’ensemble de la population québécoise. Grâce à leur rayonnement, elles sont vues comme des ambassadeurs et des porte-étendard de la créativité et du savoir-faire artistique québécois.
Le plus connu d’entre eux, le Cirque du Soleil, est bien sûr un pionnier en la matière. Fondée en 1984, cette compagnie est l’une des entreprises de spectacle vivant les plus reconnues au monde. Portée par un puissant souffle créateur, elle a conquis des millions de spectateurs et influencé l’ensemble du monde du cirque.
Son succès engendra la création de plusieurs autres compagnies qui ont contribué par la suite à répandre et à maintenir ce prestige artistique à l’étranger : Cirque Éloize, les 7 doigts de la main, Cirque Alphonse, Machine de Cirque et bien d’autres.
Ce dynamisme donne au Québec l’image d’une plateforme incontournable dans le monde du cirque et, plus généralement, dans le domaine du spectacle. Une réalité renforcée par la création de plusieurs écoles qui transmettent la pratique, et d’institutions qui valorisent le secteur et œuvrent à sa sauvegarde. Petit à petit, il s’est constitué une véritable communauté circassienne, institutionnalisée et unie par des ambitions et des intérêts communs. On assiste à la construction d’un véritable patrimoine québecois du cirque.
… Entre succès et reconnaissance
Depuis leur création, la carrière de la plupart des troupes a été jalonnée de succès. Plusieurs artistes du cirque reçoivent régulièrement des prix lors de festivals ou de cérémonies, au pays comme à l’étranger. Cette reconnaissance provient tant de membres de la profession que de hautes instances politiques. En 1997, par exemple, le co-fondateur du Cirque du Soleil Guy Laliberté recevait l’Ordre national du Québec, la plus haute distinction que peut octroyer le gouvernement québécois. D’ailleurs, ce même gouvernement n’hésite pas à faire du cirque un témoin identitaire important : « Le succès mondial des équipes québécoises de création en arts du cirque constitue une vitrine exceptionnelle de l’originalité et de la vitalité culturelles du Québec » (Note 1) déclarait un de ses représentants en 2001. Depuis, les arts du cirque ont été reconnus comme discipline artistique par le Conseil des arts et des lettres de Québec, le Conseil des arts du Canada et celui de Montréal. Autre preuve du rayonnement du cirque québécois : Guy Laliberté a maintenant son étoile sur le Hollywood Walk of Fame.
Le cirque fait partie du patrimoine culturel du Québec grâce à la place qu’il occupe dans le cœur des gens et à la relation particulière qu’il entretient avec la population. Les valeurs qu’il diffuse comme l’effort, la solidarité ou le respect de la diversité et de la différence ont un impact fort auprès de son public.
Ces valeurs existent au sein même des troupes dans lesquelles cohabitent et s’entraident des individus de toutes origines et de divers horizons et se prolongent à travers des associations humanitaires et d’intervention sociale venant en aide aux individus démunis, déscolarisés ou malades, tels Cirque du Monde, Clowns Sans Frontières ou Artcirq. L'implication sociale du cirque se poursuit à travers le thème du développement durable. La Tohu, cité des arts du cirque, a à coeur de s'inscrire dans cette optique. Construit sur le site d'une ancienne décharge, elle tient à revaloriser ce quartier. Tout comme le siège social du Cirque du Soleil, construit sur un site d'enfouissement de déchets et qui connaît aujourd'hui un nouveau développement.
Le cirque québécois agit aussi comme un miroir de sa propre société, à la jonction de la culture nord-américaine et de la culture européenne. Bien qu’encore jeune et sans tradition ancienne, le cirque québécois est déjà solidement enraciné dans sa société, d’où il rayonne à travers le monde après avoir renouvelé le genre de façon remarquable et remarquée.
Mais ce cirque n’est pas né avec l’apparition du Cirque du Soleil. Son histoire est séculaire.
Au commencement : les prémices du cirque en terre québécoise
Bien que l’esprit du cirque remonte à l’époque gréco-romaine et aux pratiques des troubadours du Moyen-âge, on doit la naissance du cirque moderne, avec animaux et acrobaties, à Philip Astley, un officier de cavalerie anglais qui avait eu l’idée de regrouper sur une piste plusieurs numéros de domptage et d’acrobatie en 1768.
C’est vers la même période que le cirque traditionnel arrive au Québec, lorsqu’un américain du nom de John Bill Ricketts installe ses spectacles sous chapiteau à Montréal, puis à Québec, en 1797. La porte d’entrée des cirques en terre d’ici est alors ouverte. Très tôt, le Québec est en contact avec cet univers. Au siècle suivant, les cirques étrangers, surtout américains, sont toujours présents, dont les plus connus sont les Ringling Brothers et le Barnum and Bailey Circus, qui fusionneront par la suite. Fin XIXe, les lieux de diffusion se multiplient à Montréal, comme au parc Sohmer, lieu de spectacle et de divertissements, ou au Jardin Guilbault, une place servant tour à tour d'animalerie, de lieu de concerts et de spectacles.
Le XXe siècle marque aussi la période des grandes foires agricoles lors desquelles les artistes, acrobates et autres dompteurs de fauves ne manquent pas de se produire. La télévision, avec l’émission Caravane, popularise aussi ce genre de spectacle à partir des années 1950. Le cirque est donc loin d’être inconnu au Québec, mais aucune tradition ne s’y inscrit réellement malgré la création du cirque du Québécois Louis Cyr, par exemple, homme le plus fort du monde, en 1894, ou les productions Gastoni et Gatini, présentes dans les foires dans la seconde moitié du XXe siècle. Ces hommes de cirque québécois, de leurs vrais noms Gaston Augier et Michel Gatien se plaisaient à prendre des noms à consonnance italienne, pour se rattacher à une identité européenne. Mais aucune réelle dynastie ou tradition familiale n’éclot ici, comme cela se produit ailleurs. Le contact avec le cirque se fait majoritairement par le biais de productions américaines ou de troupes qui s’en inspirent très largement. L’absence de tradition circassienne au Québec le conduira à renouveler ce type de spectacle.
Le tournant des années 1970
Les bases du nouveau cirque québécois vont naître dans un contexte particulier, celui des années 1960 et 1970 qui amènent de nombreux changements au sein de la société québécoise, qui se libère d’un climat général ostracisant et étouffant. La Révolution Tranquille et l’arrivée de partis nationalistes comme le Parti québécois, élu en 1976, modifient la donne. L’influence de la contre-culture américaine et des événements de mai 68 en France contribuent aussi à ce changement souhaité par le peuple. L’exposition universelle de 1967, à Montréal, avait quant à elle ouvert la population québécoise au monde entier et renouvelé la tradition des regroupements festifs. C’est ce vent libérateur, emprunt à la fois de nouveauté et d’insouciance, qui pousse les arts à évoluer.
La jeunesse souhaite voir la culture se démocratiser et s’éloigner des cadres institutionnels de l’époque. L’art sort dans la rue, notamment le théâtre, et investit l’espace publique. C’est le cas du Grand Cirque Ordinaire, créé en 1969, qui est davantage une troupe de théâtre que de cirque, mais qui, s’opposant à l’approche plus académique de l’École nationale de théâtre, insuffle à ses spectacles une grande créativité, à base d’improvisations, de musiques, de danses et de chants. Cette impulsion créatrice se retrouve chez d’autres artistes tels Guy Caron, Sonia Côté et Rodrig Tremblay, qui s’inspirent de clowns tels que Sol et Gobelet, Paillasson ou encore de Paul Buissonneau. Ces clowns poétiques transforment le jeu clownesque par leur théâtralité, leur sens de l'improvisation et de l'innovation et leur fantaisie.
Cette époque est aussi celle des rassemblements et « du vivre ensemble ». Les amuseurs publics se multiplient dans les rues de Montréal et de Québec. Comédiens, clowns, musiciens, tous se retrouvent dans des coopératives tel que la Grande Passe, où bouillonnent des idées nouvelles. C’est ici que germe la première intention de réunir ce monde de saltimbanques au sein d’une même troupe de cirque. Mais le manque d’aide financière empêche l’idée de se concrétiser. Pendant la même période, certains vont chercher leur inspiration dans le Vermont. Gilles Sainte-Croix, futur pionnier du Cirque du Soleil, y rencontre le Bread and Puppet, un théâtre de marionnettes géantes en pleine nature, qui lui donne l’idée de fonder les Échassiers de la Baie Saint-Paul en 1980. Ces échassiers vont croiser la route d’un certain Guy Laliberté...
L’impulsion des années 1980
La volonté de se rassembler se poursuit dans les années 1980, sauf que désormais, les amuseurs publics ont envie de se perfectionner et souhaitent créer quelque chose de durable. Des ateliers polyvalents se développent. Guy Caron, qui avait étudié à l’École de cirque de Budapest, en Hongrie, entre 1974 et 1976, au côté de Tremblay et Côté, ressent aussi la nécessité de créer une école de cirque au Québec, afin de regrouper et de perfectionner des artistes de toutes disciplines. Les débuts se font au Centre Immaculé-Conception à Montréal, un centre qui forme les gymnastes de l’équipe olympique du Canada mais accueille aussi des clowns comme Rodrig Tremblay et offre plusieurs ateliers. C’est dans ce lieu d’échanges, de savoir-faire et de transversalité, qui caractérise le cirque contemporain, que Guy Caron accompagné du gymnaste olympique Pierre Leclerc fonde Circus en 1981. Des jeunes et des artistes de rue sont automatiquement attirés. Cette troupe qui est en même temps une école de cirque deviendra l’actuelle École nationale de cirque de Montréal. On y enseigne l’acrobatie, l’art dramatique, la danse, la musique, tout ce qui lie la technicité des arts du cirque aux autres disciplines de la scène.
Parallèlement, Sainte-Croix créé le Club des Talons hauts en 1981 et organise la fête foraine à Baie-Saint-Paul en 1982, tandis que Lalibérté poursuit une tournée avec les Échassiers. En 1984, ce dernier réussit à créer son Cirque du Soleil avec l’aide du gouvernement du Québec, lors des célébrations entourant le 450e anniversaire de la venue de Jacques Cartier. Tout le monde en est : Caron, Sainte-Croix, Tremblay, l’École de Cirque, ils participent tous à cette consécration qui résulte de plusieurs années de gestation et d’innovation.
Ils créent un univers à part entière, sans animaux, doté de musiques originales et d’une grande théâtralité. Les années suivantes, l’expertise de gens du théâtre va permettre d’accentuer ces traits en développant des histoires et une construction des personnages plus élaborées ainsi qu’une scénographie d’ensemble. Aujourd’hui, chaque spectacle du Cirque du Soleil se distingue par son incroyable perfectionnisme dans les numéros, la richesse de ses costumes, la fantaisie de ses personnages, son rythme, sa musique, ses chorégraphies et sa scénarisation. La troupe emploie près de 4 000 employés, dont 1 300 artistes, elle a produit des dizaines de spectacles et attiré plus de 160 millions de spectateurs à travers le monde.
Au final, l’émergence du nouveau cirque québécois émane d’une démarche communautaire, du passage de l’art de rue aux arts de la scène, en y greffant les caractéristiques liées au monde du théâtre. Si le Cirque du Soleil a certainement innové en élevant le cirque au rang d’art majeur, les autres troupes de cirque du Québec l’ont suivi dans cette démarche de renouvellement. Certains artistes provenant de cette grande entreprise ont voulu voler de leurs propres ailes, d’autres se sont inspirés de cet incroyable succès en s’en émancipant: Cirque Éloize, le collectif les Sept doigt de la main, Cirque Alphonse, FlipFabrik… Tous se rapprochent du Cirque du Soleil par ce mélange des genres, mais tous s’en distinguent en ajoutant des couleurs nouvelles. Créatifs, ambitieux, innovants, tous participent à l’évolution de cet art nouveau en constante mutation. Le Cirque Éloize, par exemple, ne présente pas ses spectacles sous chapiteau, il allie danses et acrobaties d'une façon nouvelle. Les 7 doigts de la main se servent du quotidien pour créer leurs spectacles. Le cirque Alphonse renoue avec la dimension familiale du cirque et puise dans le folklore québécois.
Le cirque aujourd’hui : quelle transmission, quel héritage?
Aujourd’hui, les acteurs déterminant dans la transmission du savoir circassien sont les écoles liées à la discipline. L’École de Montréal a donné lieu à la création d’autres établissements, dont une à Québec, crée en 1995 suite à une forte demande de la population. Ces écoles, loin d’enseigner une tradition figée, se concentrent plutôt sur le développement créatif et technique, laissant libre cours à chacun de tracer sa propre voie. Car le cirque québécois, comme tout art, évolue, sans pour autant oublier le passé. Il se sert de la tradition naissante pour l’adapter et la réinventer, comme l’avait fait le Cirque du Soleil et comme le font ceux qui ont suivi ses traces.
Même si elle se compose de beaucoup de troupes différentes, cette communauté circassienne a pour volonté de se rassembler et de faire valoir les intérêts de tous. La sauvegarde du cirque québécois passe ainsi par une démarche d’organisation. L’organisme En Piste s’occupe de sensibiliser la population et le gouvernement aux problèmes que rencontre le secteur du cirque, notamment au niveau de la diffusion et de l’aide aux artistes. La Cité des Arts du Cirque, fondée en 2004, s’occupe de rassembler les principaux acteurs du monde circassien du Québec en un véritable pôle, palliant aux manques d’espaces de diffusion par le biais de la Tohu, qui se charge de présenter des artistes confirmés et de nouveaux talents. La Cité prend même des allures de temple de la mémoire par le biais d’expositions retraçant la riche histoire du cirque. La reconnaissance récente des Conseils des arts du Québec et du Canada en tant qu'art de la scène à part entière est le fruit de ces efforts.
Le monde circassien typiquement québécois a conscience de sa diversité et de son unité, qui fait sa force. Désormais, il repose sur des structures bien en place. Sa transmission est assurée. En 2003, le Festival mondial du cirque de demain rendait un vibrant hommage aux cirques du Québec pour le renouvellement et l’incroyable prestige qu’ils ont apporté à cet art de la scène.
Matthieu Rey
Université Jean Monnet, Saint-Étienne, France
Documents complémentairesCertains documents complémentaires nécessitent un plugiciel pour être consultés
Vidéos
-
Les Cirques au Québec Le cirque est aujourd’hui un marqueur identitaire fort du Québec, depuis les succès du Cirque du Soleil jusqu’à une variété de compagnies de cirque apparues par la suite. Yves Neveu, directeur de l’École de Cirque de Québec, nous dresse un portait de cet art de la scène en terre québécoise : son histoire, son incroyable diversité et son évolution. Il nous livre aussi son point de vue sur l’importance culturelle des cirques québécois et sur le caractère patrimonial qu’il est possible de leur attribuer.
Vidéo haute résolution - Poids : 50811 Ko
Durée : 6 min 18 sec -
Les écoles de cirque au Québec Les écoles de cirques du Québec jouent un rôle primordial dans le développement de cet art de la scène. L’École de cirque de Québec est l’une des plus importante de la province. Yves Neveu, directeur de cette école, nous explique l’importance de ces établissements d’enseignement auprès de la jeunesse et dans la transmission des savoir-faire et des valeurs liés à cette discipline. Il s’exprime aussi sur les évolutions qu’elle sera amenée à connaître dans l’avenir.
Vidéo haute résolution - Poids : 51263 Ko
Durée : 6 min 13 sec
Photos
-
Affiche d'«Amaluna»,
spectacle du Ci... -
Affiche d'«OVO», spec
tacle du Cirque... -
Affiche de «Kooza», s
pectacle du Cir... -
Affiche de «Nouvelle
expérience», sp...
-
Affiche de «TOTEM», s
pectacle du Cir... -
Amuseurs publics dans
les rues de Qu... -
Amuseurs publics dans
les rues de Qu... -
École de cirque de Qu
ébec
-
École de cirque de Qu
ébec, façade ex... -
École nationale de ci
rque, Montréal... -
Étudiant de l'École n
ationale de cir... -
Étudiants de l'École
nationale de ci...
Articles suggérés
-
Cinéma direct et l'ONF
Le cinéma direct a profondément marqué l’histoire du 7e Art. Grâce à du matériel de tournage plus léger disponible au cours des années 1950, les documentaristes ont pu s’approcher de leurs sujets et rendre leurs films plus vivants et personnels. En même temps, ces sujets devenaient plus authentiques, plus « vrais », au point qu’on a parfois qualifié ce courant de « cinéma-vérité ». Les cinéastes de l’Office national du film du Canada ont grandement contribué à son développement, particulièrement à la fin des années 1950 et dans les années 1960. Ils ont donné à cette forme cinématographique ses lettres de noblesse en réalisant des films incontournables tels Les raquetteurs, La lutte et Pour la suite du monde. On reconnaît aujourd’hui l’importance des principaux créateurs du cinéma direct au Canada, tels Michel Brault et Pierre Perrault. Les cinéastes qui ont participé à la création de ce mouvement ont légué au monde un nouveau langage cinématographique qui sert encore de référence en 2010, alors que le fruit de leur travail se trouve abondamment documenté par de nombreux écrits et des coffrets de compilation des films des cinéastes les plus connus.
-
Cirque du Soleil (origines) : les Échassiers de la Baie et la Fête foraine de Baie-Saint-Paul
En 2009, le Cirque du Soleil constitue sans aucun doute l'entreprise culturelle québécoise la plus connue sur la scène internationale. Cette indéniable réussite commerciale découle de projets initiés au tournant des années 1980 à Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix. Le contexte culturel est alors favorable à ce type d'expérimentation, car depuis les années 1970, une partie de la jeunesse québécoise quitte la ville pour la campagne à la recherche d'un monde nouveau. Charlevoix et Baie-Saint-Paul font alors l'objet d'une redécouverte, cette fois sur le circuit de la culture hippie, quelque part entre la « Gaspésie et jusqu'en Californie » comme le chantait Pierre Flynn... 25 ans après ses débuts modestes dans Charlevoix, cette entreprise culturelle d'envergure reprend désormais sa place dans l'histoire de la localité de Baie-Saint-Paul et s'inscrit de ce fait dans un héritage patrimonial marquant.
-
Festivals régionaux au Québec
Si Montréal a la réputation d'être une ville de festivals, on peut en dire autant du Québec tout entier. Ancrés dans la culture et dans le quotidien des Québécois, s'enracinant dans une longue tradition de fêtes foraines, les festivals s'égrènent tout au long de l'année dans plusieurs centaines de villes et de villages de la province. Environ la moitié de ces rassemblements populaires sont de type saisonnier (festival d'été ou carnaval d'hiver, par exemple), l'autre moitié s'appuyant plutôt sur des expressions culturelles, des manifestations sportives, ou encore sur une caractéristique ou une identité locale particulière. Dans de nombreuses régions, ces événements servent à soutenir la vie communautaire et le développement économique. Les festivals s'avèrent sans contredit un élément constitutif original du patrimoine culturel immatériel du Québec.
-
Le Cercle Molière : pour l'amour du théâtre en français
Depuis 1925, le Cercle Molière présente sans interruption du théâtre en français à Winnipeg, au Manitoba. Le Cercle Molière est reconnu comme la plus ancienne troupe de théâtre au Canada, toutes langues confondues, et représente un des plus beaux fleurons de la culture française enracinée dans l’Ouest canadien. Animée depuis ses origines par des amateurs passionnés de théâtre, la troupe du Cercle Molière est aujourd’hui devenue professionnelle. Elle offre une programmation pour les adultes et pour les jeunes, et donne aussi des sessions de formation en art dramatique. Le Cercle Molière constitue un monument incontournable du patrimoine local; il occupe une place de choix sur la scène des arts et de la culture au Manitoba français. Il a toujours su rallier les énergies de la communauté franco-manitobaine et celle-ci l’a souvent aidé à surmonter les nombreux obstacles qui ont jalonné son parcours.
Notes
1. « Agrandissement et relocalisation de l’École nationale de cirque : le gouvernement du Québec partenaire de l’industrie du cirque », Gouvernement du Québec, Cabinet du vice-premier ministre et ministre d’État à l’Économie et aux Finances, Communiqué, 12 février 2001. Pris dans « Etat des lieux, Les arts du cirque au Québec et au Canda « éclairage sur un paradoxe » » En Piste, site consulté le 10 /07/15 [En ligne], http://enpiste.qc.ca/files/publications/etat_des_lieux_eclairage_sur_un_paradoxe.pdf
Bibliographie
Jacob, Pascal, Extravaganza : histoires du cirque américain, Paris, Éditions théâtrales, 2005, 222p.
Jacob, Pascal, Désir(s) de vertige : 25 ans d'audace, Montréal, Les 400 coups, 2007, 111p.
Mauclair Dominique, Histoire du cirque : Voyage extraordinaire autour de la terre, Toulouse, Privat, 2003, 125p.
Babinski, Tony, Cirque du soleil : 20 ans sous le soleil : l'histoire authentique, Montréal, Cirque du Soleil, 2004, 352p.
Beaunoyer, Jean, Dans les coulisses du Cirque du Soleil, Montréal, Québec Amérique, 2004, 221 p.
Cloutier, Louis-Philippe et Valérie Laplante, Étude comparative sur le domaine des arts du cirque : Québec vs France , Ministère de la culture et des communications, Québec, 2002, 75p.
En Piste, Regroupement national des arts du cirque, État des lieux les arts du cirque au Québec et au Canada « Éclairage sur un paradoxe » , Montréal, 2007, En Piste, Regroupement national des arts du cirque , 33p.
Plante, Marie-Ève, Parcours identitaires de trois jeunes burkinabès : de la rue au cirque social, Montréal, Université du Québec à Montréal, 2011.
Une histoire de Cirque-2 parties, Documentaire de Alain Abel, Jean-Claude Le Floch et Marc Jasmin pour Tout le monde en parlait, Montréal, Ottawa, CBC/Radio Canada, 2011.
« Rayonnement du cirque québécois », Spirale Magazine, site consulté le 19/07/15 [En ligne], http://www.spiralemagazine.com/dossier-magazine/rayonnement-du-cirque-quebecois
« Salle de Presse », Cirque du Soleil, site consulté le 19/07/15 [En ligne],https://www.cirquedusoleil.com/fr/press/kits/corporate/cirque-du-soleil/creators/laliberte-guy.aspx