Croisières sur le fleuve Saint-Laurent

par Couvrette, Sébastien

Le bateau «Saguenay» de la Canada Steamship Lines amarré au port de Chicoutimi, 1928

L’industrie des croisières sur le fleuve Saint-Laurent possède une longue et riche histoire remontant au début du XIXe siècle. La très forte compétition entre quelques groupes d’hommes d’affaires du Québec a provoqué la naissance d’un véritable empire du transport des passagers qui s’est consolidé avec la formation de la Canada Steamship Lines en 1913. Cette compagnie a administré le célèbre circuit de croisière des « bateaux blancs », qui ont été en activité des années 1840 aux années 1960, ainsi que les luxueux hôtels destinés à sa riche clientèle. Au tournant du XXe siècle, ces croisières, ces hôtels et les régions de villégiature où ils étaient situés jouissaient d’une réputation continentale. De nos jours, cette industrie se tourne de plus en plus vers la clientèle des croisières internationales en positionnant les ports du fleuve Saint-Laurent comme d’incontournables escales.

 

Article available in English : Cruises on the Saint Lawrence River

 

Un secteur en développement

Fleuve Saint-Laurent à vol d'oiseau, 2007

Depuis 2010, la compagnie de Croisières A.M.L propose à ses clients une expérience historique unique en faisant revivre l’époque des « bateaux blancs », ces formidables navires de croisières qui ont sillonné les eaux du fleuve Saint-Laurent du milieu du XIXe siècle jusqu’aux années 1960. Cette initiative du croisiériste s’inscrit dans un contexte où l’industrie, en plein essor, cherche à diversifier ses activités en offrant notamment de brèves croisières locales ou thématiques – tours de ville vue de l’eau, croisières aux baleines, visites de site historique, etc. – tout en courtisant la clientèle internationale.

Afin d’encourager le développement des croisières internationales sur le Saint-Laurent, les gouvernements du Québec et du Canada lançaient en 2008 d’importants programmes favorisant la mise sur pied d’infrastructures d’accueil dans les ports d’escale situés en aval de la ville de Québec (NOTE 1). Ces programmes apportent en même temps un soutien financier aux municipalités et aux intervenants locaux afin qu’ils élaborent des stratégies de mise en valeur du patrimoine local comme produit d’appel touristique. À l’heure actuelle, les ports de Québec et de Montréal jouent le double rôle de port de destination finale et d’escale sur le fleuve Saint-Laurent, tandis que l’on compte maintenant sept autres ports d’escales, soit Trois-Rivières, Saguenay, Baie-Comeau, Sept-Îles, Havre-Saint-Pierre, Gaspé et les Îles-de-la-Madeleine. Ces croisières ont de tout temps favorisé le contact avec les paysages incomparables du majestueux fleuve Saint-Laurent, ainsi que la faune et le patrimoine humain qui le borde.

 

La naissance d’une industrie

Le bateau à vapeur	«Iroquois» sur le fleuve Saint-Laurent, 1832

L’origine de l’industrie des croisières sur le Saint-Laurent remonte au début du XIXe siècle. En 1809, un premier bateau à vapeur circule sur le fleuve : il s’agit de L’Accomodation, propriété de l’homme d’affaires montréalais John Molson, qui sert au transport régulier de passagers entre Montréal et Québec. Au cours de la décennie suivante, de nombreux voyageurs issus des classes urbaines aisées s’embarquent sur les vapeurs de Molson, fuyant la ville pour se reposer dans le calme des régions de Kamouraska, de Charlevoix et du Saguenay. Cette phase de l’industrie touristique québécoise est désignée sous le terme de tourisme de distinction.

Pour répondre à la demande croissante, John Molson augmente ses effectifs et fonde, en 1822, la toute première compagnie de bateaux à vapeur du Québec, la St. Lawrence Steamboat Company (NOTE 2). Au début des années 1830, leur navire Waterloo fait régulièrement le trajet entre Québec et La Malbaie. La compagnie conclut par la suite des ententes avec la famille Torrance, propriétaire d’entreprises de transport maritime sur le Saint-Laurent, sur les services offerts et les prix demandés afin de réduire la concurrence entre eux et d’optimiser la rentabilité de leurs activités (NOTE 3). Quelques années plus tard, les Molson acquièrent le monopole de la navigation à vapeur sur la rivière des Outaouais, assurant ainsi leur contrôle sur la région située à l’ouest de Montréal (NOTE 4). Cependant, le succès de cette industrie florissante suscite une vive compétition.

Arrivée du vapeur «Bertnier» à Sorel, juillet 1871

En 1845, un groupe d’hommes d’affaires de la vallée du Richelieu – surtout des francophones – met sur pied une société de navigation qui deviendra la Compagnie du Richelieu (NOTE 5). Cette nouvelle entreprise effectue le remorquage de bateaux ainsi que le transport des passagers et des marchandises sur la rivière Richelieu qui, depuis la fin des années 1820, constitue une voie maritime privilégiée dans le commerce d’exportation du bois vers les États-Unis (NOTE 6). Au milieu du XIXe siècle, en raison de l’essor du chemin de fer et du déclin du transport maritime sur le Richelieu, la compagnie étend ses activités sur le fleuve Saint-Laurent. Dès lors, elle entre en compétition avec les lignes de bateaux à vapeur dirigées par les hommes d’affaires anglophones John Molson et David Torrance (NOTE 7).

 

La constitution d’un empire

Image promotionnelle de la Canada Steamship Line

À partir des années 1850, sous l’impulsion de l’armateur Jacques-Félix Sincennes qui en assume alors la direction, la Compagnie du Richelieu misera de plus en plus sur la stratégie des fusions afin de rentabiliser ses activités en absorbant ses concurrents et en accroissant sa mainmise sur l’industrie des croisières et du transport maritime sur le Saint-Laurent (NOTE 8). En 1856, elle met en opération deux navires, le Victoria et le Napoléon, sur la populaire ligne Montréal-Québec où rivalisent déjà d’importantes compagnies. L’année suivante, elle fusionne avec la Torrance Line et se positionne définitivement comme un acteur dominant en faisant concurrence à la famille Molson. En 1875, elle s’unit à la Canadian Navigation Company du magnat du commerce maritime Hugh Allan (NOTE 9), qui assure le transport des passagers sur le haut Saint-Laurent, et elle devient alors la Richelieu and Ontario Ships Line. Quelques années plus tard, en 1886, elle fait l’acquisition du populaire circuit de la rivière Saguenay exploité par les Molson (NOTE 10). À partir de ce moment, ce sont dix-huit navires qui sillonnent les eaux du Saint-Laurent en arborant le pavillon de la compagnie (NOTE 11). Enfin, en 1913, la Richelieu and Ontario Ships Line fusionne avec d’autres compagnies pour former la Canada Steamship Lines.

 

Bateaux majestueux et hôtels luxueux   

Arrivée du bateau à la Malbaie en provenance de Québec, 1873

Dans la dernière moitié du XIXe siècle, la villégiature – terme qui désigne les séjours de loisir ou de repos à la campagne, particulièrement l’été, dans des résidences secondaires ou des hôtels confortables – est surtout le fait des classes aisées et de la bourgeoisie, qui expriment ainsi leur statut de groupes sociaux privilégiés. À sa riche clientèle, la Richelieu and Ontario Ships Line offre des croisières à bord des « bateaux blancs », véritables palais flottants, reconnaissables à leurs cheminées peintes en noir, blanc et rouge, qui circulent sur le Saint-Laurent entre Montréal et le Saguenay à partir des années 1840 (NOTE 12). Dans les décennies suivantes, cette compagnie augmente sa flotte de « bateaux blancs » en faisant construire de luxueux et spacieux navires à deux ponts pouvant accueillir de 300 à 750 passagers. De plus petits bateaux à roues à aubes font également la navette pour amener les voyageurs de Montréal à Québec (NOTE 13). L’intérieur de ces somptueux vapeurs est richement décoré selon la mode victorienne – symbole de la richesse bourgeoise – avec, par exemple, du mobilier sculpté, un grand escalier orné de ferronneries et un immense salon au décor agrémenté de dorures, de bas-relief en bronze et de tapis incrustés du monogramme de la compagnie. Parfois même, des tableaux d’artistes canadiens réputés sont accrochés aux murs (NOTE 14). À la fin du XIXe siècle, la compagnie prend le contrôle de la gestion des infrastructures de villégiature avec la construction et l’agrandissement d’hôtels luxueux situés à des endroits stratégiques où leurs navires font escale, comme à Tadoussac et à Pointe-au-Pic dans Charlevoix (NOTE 15).

 

Le populaire Hôtel Tadoussac

Hôtel Tadoussac

Certaines destinations s’avèrent particulièrement prisées des voyageurs et la beauté de leurs paysages marque durablement l’imaginaire : c’est le cas des régions de Charlevoix et du fjord du Saguenay. De même, situé à la jonction de ces deux pôles touristiques, Tadoussac est un site privilégié par de nombreux villégiateurs. Dans les années 1860, sous l’impulsion de la Compagnie de l’hôtel et des bains de mer de Tadoussac, fondée par un groupe de gens d’affaires québécois, l’endroit est transformé en station balnéaire. Très fréquentée, la station devient rapidement une escale incontournable pour les croisières des « bateaux blancs ». L’Hôtel Tadoussac, inauguré en 1864, doit être rapidement agrandi et sa capacité d’accueil sera doublée pour pouvoir accommoder une clientèle toujours plus nombreuse. La popularité de l’endroit – à laquelle n’est pas étrangère la présence de la villa que Lord Dufferin, gouverneur général du Canada, y fait ériger en 1872 – est telle que les classes aisées s’y font construire des résidences secondaires et des chalets d’été, appelés cottages, tout autour de la baie (NOTE 16).

À la fin du XIXe siècle, lorsque la Richelieu and Ontario Ships Line fait l’acquisition de l’Hôtel Tadoussac, la région devient définitivement la plaque tournante de l’industrie des croisières sur le Saint-Laurent, car elle permet à la compagnie de faire le pont entre son circuit des « bateaux blancs » et celui de ses excursions touristiques sur le Saguenay. Elle assure ainsi son contrôle sur les activités touristiques dans la majeure partie de la vallée du Saint-Laurent pour les décennies suivantes (NOTE 17).

 

Le Manoir Richelieu, symbole de l’industrie des croisières

Au milieu du XIXe siècle, La Malbaie est un lieu de villégiature très fréquenté par la riche bourgeoisie et les classes aisées canadiennes et américaines. Avec l’aménagement d’un quai pour les bateaux à vapeur à Pointe-au-Pic en 1853, la concurrence entre les grandes compagnies de navigation devient de plus en plus vive et l’attrait touristique de Charlevoix prend de l’ampleur (NOTE 18). D’autres infrastructures d’accueil sont rapidement mises en place dans la région, notamment à Cap-à-l’Aigle et à Saint-Irénée.

Équipage d'un bateau blanc, 1926

Dans les années 1890, le financier Louis-Joseph Forget devient président de la Richelieu and Ontario Ships Line et rétablit la situation financière de celle-ci en lui redonnant tout son lustre (NOTE 19). En 1898, sous la présidence de Forget, la compagnie fait agrandir l’Hôtel Tadoussac et fait construire le luxueux Manoir Richelieu, à Pointe-au-Pic, afin d’accueillir sa riche clientèle (NOTE 20). En plus d’une table et d’un service réputés, le Manoir Richelieu propose aux croisiéristes et aux villégiateurs des activités de loisirs très en vogue dans la haute société de l’époque : canotage, voile, baignade, tennis, golf, équitation, excursion de pêche et soirées dansantes (NOTE 21).

À la fin de la saison estivale de 1928, le Manoir Richelieu est entièrement détruit par un violent incendie. Soucieuse de ne pas perdre la riche clientèle qui a déjà réservé pour l’année suivante, la Canada Steamship Lines qui est maintenant propriétaire de cet hôtel, décide de faire reconstruire l’édifice le plus rapidement possible. Le défi est jugé insurmontable en raison des courts délais et des moyens techniques de l’époque, et parce qu’une bonne partie des travaux se déroulera pendant l’hiver (NOTE 22). Contre toute attente, le nouveau Manoir Richelieu ouvre ses portes en juin 1929 : son luxe et son architecture monumentale évoquant un château de style Renaissance française feront forte impression. À cette époque, le Manoir est le plus grand hôtel de villégiature au Canada (NOTE 23), il surclasse même les réputés hôtels construits à travers le pays par la compagnie de chemin de fer Canadien Pacifique!

Le nouvel hôtel mettra à la disposition de ses clients une piscine olympique remplie d’eau de mer, une magnifique plage, des sentiers d’équitation, un terrain de boulingrin (NOTE 24), des courts de tennis, des guides pour des excursions de pêche sur lac et un casino (NOTE 25). À l’exception de rénovations rendues indispensables avec le temps, il présente l’aspect qu’on lui connaît encore de nos jours (NOTE 26).

 

Le raffinement de l’industrie dans l’entre-deux-guerres

Bateau de plaisance devant Québec vers 1930

Dans les années 1920, l’homme d’affaires William Hugh Coverdale est nommé à la tête de la Canada Steamship Lines et décide d’accroître la flotte de bateaux de croisières et d’améliorer les infrastructures d’accueil de la compagnie. La dernière génération de « bateaux blancs » voit alors le jour avec la mise en service de quatre navires : le Richelieu, le Tadoussac, le Québec et le St. Lawrence (NOTE 27). Pour les hôtels, les goûts et les penchants personnels de Coverdale contribueront à mettre en valeur le patrimoine culturel québécois à des fins touristiques. En effet, sa passion pour l’histoire canadienne l’amène à constituer une importante collection d’œuvres d’art et d’objets ethnologiques avec lesquels il décide de décorer les hôtels de la compagnie. Au total, ce seront plus d’un millier de pièces – aquarelles, gravures, peintures, cartes anciennes – qui seront ainsi rassemblées et qui serviront notamment à décorer le Manoir Richelieu lors de sa réouverture en 1929 (NOTE 28).

Au début des années 1940, la reconstruction de l’Hôtel Tadoussac, devenu trop vétuste, sera l’occasion pour Coverdale de mettre sur pied un nouveau projet de décoration d’envergure. Il opte alors pour un décor principalement constitué d’antiquités reliées au patrimoine culturel canadien-français et de meubles s’en inspirant. Lors des travaux de reconstruction de l’hôtel, des fouilles archéologiques seront également entreprises afin de localiser l’emplacement du poste de traite que Pierre Chauvin fit construire à Tadoussac pour qu’une quinzaine d’hommes y passent l’hiver en 1600-1601. La maison Chauvin a été reconstituée à l’endroit où l’on a mis au jour les vestiges d’un établissement de traite (datant probablement d’une époque ultérieure); elle servira de lieu d’exposition d’artéfacts appartenant à la culture amérindienne, dont plusieurs ont été retrouvés sur les lieux (NOTE 29).   

 

Les défis de l’après-guerre

Vue d'un navire sur le Saint-Laurent prise en plongée du bastion du Roi à Québec, vers 1960

Après la Deuxième Guerre mondiale, la société nord-américaine subit de profondes transformations. Avec la croissance économique des années 1950 et 1960, qui engendre notamment une augmentation du niveau de vie et une expansion de la classe moyenne, l’accès aux biens de consommation et aux loisirs se démocratise progressivement. Grâce au développement des compagnies d’aviation civile et des infrastructures routières, l’avion et l’automobile deviennent les principaux moyens de transports utilisés pour les voyages de courtes et de longues distances et supplantent ainsi les transports maritimes. Dans ce contexte, le tourisme de masse remplace définitivement le tourisme de distinction, ce qui bouleverse l’industrie des croisières qui misait sur une clientèle aisée et distinguée. Signe des temps, la Canada Steamship Lines délaisse sa croisière du Saguenay en 1965 et met bientôt fin au circuit des « bateaux blancs ». Elle ferme même les portes de l’Hôtel Tadoussac en 1966 et vend le Manoir Richelieu trois ans plus tard.

 

La renaissance d’une industrie

Croisière d'observation des cétacés

Menacée de disparition, l’industrie des croisières se réinventera bientôt en se tournant vers les excursions en milieux marins, notamment avec les safaris visuels à la baleine et aux bélugas. Au début des années 1970, de nombreuses compagnies de croisières voient le jour sur le Saint-Laurent, de Montréal à Tadoussac, dont plusieurs sont encore en activité de nos jours. Par exemple, la compagnie Les Croisières du Fjord propose depuis 1972 des excursions mettant en valeur les exceptionnels paysages saguenéens, marqués par les caps et les falaises bordant le fjord, en passant notamment devant le parc national du Fjord-du-Saguenay à Rivière-Éternité. Les Croisières A.M.L., qui font aujourd’hui revivre l’époque des « bateaux blancs » en empruntant un itinéraire semblable à celui offert au tournant du XXe siècle, existent aussi depuis 1972. De nos jours, cette compagnie renoue également avec l’esprit des croisières du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle en offrant, notamment, des soupers gastronomiques et des soupers-concerts dans les régions de Montréal, Québec et Charlevoix.

 

 

Un patrimoine bien présent

Exposition «Cap sur les bateaux blancs» présentée au Musée de Charlevoix, 2011

Au cours de la dernière décennie, l’industrie des croisières sur le Saint-Laurent a poursuivi son développement en diversifiant son offre afin de profiter du nouvel engouement pour ce type d’activités. À l’heure actuelle, cette industrie propose surtout des itinéraires mettant en valeur le patrimoine naturel et historique du Québec afin d’offrir un produit touristique unique au monde. La croissance des dernières années est l’occasion privilégiée de jeter un regard sur notre passé, en rappelant à la mémoire collective l’époque des majestueux « bateaux blancs », symbole de l’âge d’or des croisières sur le Saint-Laurent. L’importance de ces navires dans l’histoire culturelle québécoise a été soulignée par l’exposition Cap sur les bateaux blancs présentée au Musée de Charlevoix du 20 juin 2011 au 13 mai 2012. Des photographies, des affiches publicitaires, de nombreux artéfacts et des maquettes mettaient en valeur la période fastueuse des « bateaux blancs » des années 1920 aux années 1960. Cette grande époque revit aujourd’hui avec l’intérêt grandissant pour les croisières locales et internationales sur le Saint-Laurent.

 

Sébastien Couvrette
Historien, Université Laval

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Notes

1. En 2008, le gouvernement du Québec lançait son programme « Stratégie de développement durable et de promotion des croisières internationales sur le fleuve Saint-Laurent ». La même année, le gouvernement fédéral annonçait la mise sur pied de son « Initiative qui vise à appuyer le développement de croisières internationales le long du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Saguenay ».

2. http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=3567

3. http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=3567

4. http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=5166

5. Gerald Tulchinsky, « Une entreprise maritime canadienne-française – la Compagnie du Richelieu, 1845-1854 », Revue d’histoire de l’Amérique française, 26, 4 (1973), p. 559-582.

6. http://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_gro.php?id=206

7. http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=5298

8. http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=5269

9. http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=5336

10. Cette transaction majeure est réalisée par l’armateur et homme politique Louis-Adélard Senécal, président de la compagnie depuis 1882, qui fait l’acquisition, la même année, de la Compagnie de navigation de Longueuil et de celle de Laprairie. http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=5826

11. Luc Tittley, « Les croisières sur le Saint-Laurent… un peu d’histoire », Teoros, 14, 2 (1995), p. 12-14.

12. Michel Lessard, « La vogue des bateaux blancs », Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, 33 (1993), p. 50-52.

13. Tittley, « Les croisières sur le Saint-Laurent… ».

14. Lessard, « La vogue des bateaux blancs ». Philippe Dubé (en collaboration avec Jacques Blouin), Deux cents ans de villégiature dans Charlevoix : l’histoire du pays visité, Québec, Presses de l’Université Laval, 1986.

15. Serge Gagnon, L’échiquier touristique québécois, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2003, p. 146-148.

16. Michel Lessard, « L’Hôtel Tadoussac et le Manoir Richelieu : villégiature et culture » Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, 33 (1993), p. 24-27.

17. Gagnon, L’échiquier touristique québécois, p. 154.

18.Le quai est érigé par le gouvernement de Londres. Gagnon, L’échiquier touristique québécois, p. 146.

19. Son neveu Rodolphe Forget lui succède à la présidence de la compagnie en 1904. http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=7372; http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=7373

20. Il s’agit des terrains sur lesquels se trouvait le premier hôtel de La Malbaie, érigé trente ans auparavant par des particuliers. Au début du XXe siècle, une clientèle prestigieuse fréquente les lieux dont des vedettes du cinéma muet comme Charlie Chaplin et Mary Pickford, et les hommes d’État Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada, et William B. Thaft, président des États-Unis. Serge Gauthier, « La petite histoire d’un grand hôtel », Histoire Québec, 9, 1 (2003), p. 14-17. Tittley, « Les croisières sur le Saint-Laurent… ».

21. Le Murray Bay Golf Club, situé à proximité du Manoir Richelieu à La Malbaie, a été fondé en 1876, ce qui en fait le troisième plus anciens clubs de golf en Amérique du Nord. Les deux plus vieux terrains de golf du continent sont également en territoire québécois. Il s’agit du club de golf Orléans, à Sainte-Pétronille sur l’île d’Orléans (1868), et du club de golf Royal Montréal (1873).

22. Gauthier, « La petite histoire d’un grand hôtel ».

23. Lessard, « L’Hôtel Tadoussac et le Manoir Richelieu… »

24. Le boulingrin est un jeu de boules d’origine britannique qui s'apparente à la pétanque mais s'exerce sur un terrain gazonné. Pratiqué par les membres de clubs privés, ce jeu a pendant longtemps été réservé à l’élite sociale.

25. Gauthier, « La petite histoire d’un grand hôtel ».

26. Lessard, « La vogue des bateaux blancs ».

27. Claude Morin, « Exposition au Musée de Charlevoix – Ainsi renaît l’époque des « bateaux blancs », Le Devoir, 12 novembre 2011.

28. Nathalie Hamel, « Un musée amérindien à Tadoussac : le projet de William H. Coverdale », Ethnologies, 24, 2 (2002), p. 79-105.

29. Hamel, « Un musée amérindien à Tadoussac… ».

Bibliographie

Dagenais, Michèle, « Fuir la ville : villégiature et villégiateurs dans la région de Montréal, 1890-1940 », Revue d’histoire de l’Amérique française, 58, 3 (2005), pp. 315-345.

Dubé, Philippe (en collaboration avec Jacques Blouin), Deux cents ans de villégiature dans Charlevoix : l’histoire du pays visité, Québec, Presses de l’Université Laval, 1986.

Gagnon, Serge, L’échiquier touristique québécois, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2003.

Gauthier, Serge, « La petite histoire d’un grand hôtel », Histoire Québec, 9, 1 (2003), p. 14-17.

Hamel, Nathalie, « Un musée amérindien à Tadoussac : le projet de William H. Coverdale », Ethnologies, 24, 2 (2002), p. 79-105.

Lessard, Michel, « La vogue des bateaux blancs », Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, 33 (1993), p. 50-52.

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Tittley, Luc, « Les croisières sur le Saint-Laurent… un peu d’histoire », Teoros, 14, 2 (1995), p. 12-14.

Tulchinsky, Gerald, « Une entreprise maritime canadienne-française – la Compagnie du Richelieu, 1845-1854 », Revue d’histoire de l’Amérique française, 26, 4 (1973), p. 559-582.

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